Il n’a plus les moyens… Ellyn enregistra cette réponse et la déposa dans la catégorie "difficulté financière". Elle n’était pas surprise, mais elle comprit qu’il avait eu les moyens, un peu plus tôt, de faire des achats, une situation qui s’était prouvée temporaire. S’il avait des difficultés financières présentes, il y avait quelques conclusions possibles.
1. Il gérait mal ses finances et dépensait trop facilement n’importe où.
2. Il avait sous-estimé les coûts et avait fait des dépenses plus grosses qu’attendues, mais nécessaires et planifiées pour ses recherches.
3. Il avait des urgences imprévisibles ou surprenantes qui nécessitaient immédiatement cet argent.
Il y avait sûrement d’autres possibilités, mais c’étaient celles qui lui venaient surtout en tête, sur le moment. Et, pour être franche, cela ne lui était que vaguement important.
Lorsqu’il serra ses doigts autour de la bouteille, il lui avait posé une question qui la fit sourire.
- Je suis guérisseuse; mon premier devoir est de faire ce que je crois est le mieux pour le bien-être de mes patients. J’ai pris un serment à cet effet.
Ellyn se remémora les premières paroles de ce serment. "Ceci est mon appel divin, mon métier dans ses meilleures traditions et ma promesse que je fais pour mon honneur et pour la joie d’agir en bien. Je promets solennellement, avec tout ce que je tiens en plus haute estime : De toujours honorer la profession de la médecine, d’être juste et généreuse envers ses membres et de les soutenir dans notre service à l’humanité". Maître Bazuste, comme vous aviez aimé les longs serments!
- Une manière de le faire est de soutenir ceux qui peuvent amener de quoi à la science. C’est pour cela que vos recherches m’intéressent. Et pourquoi je ne vous laisse pas prendre les ingrédients de l’infirmerie… Simplement parce qu’ils ne sont pas à moi. Ils sont là pour les patients, pas pour les guérisseurs. Si je veux vous aider, je le ferais avec ce qui m’appartient. D’ailleurs, pour ce qui est des plantes, je pourrais sûrement vous être utile.
Elle désigna de sa main livre son livre déposé sur une table plus loin.
- Je suis nouvelle au royaume, donc je dois me mettre à jour sur les plantes disponibles, mais je me considère assez qualifiée pour connaître leurs effets et les trouver. Ceci, je le ferai pour vous gratuitement. Je peux même vous aider de façon financière, si c’est bien votre difficulté. Cependant, si vous acceptez cette aide financière, je devrais imposer certaines restrictions.
Ellyn souhaitait offrir son soutien pour deux raisons. La première, car c’était bien la vérité, était qu’elle voyait du réel intérêt à poursuivre ces recherches. La deuxième raison était qu’elle voyait, dans cette offre, l’opportunité d’être au courant de ce que faisait Fenrall. Des expériences sont évidemment nécessaires pour avancer la science, mais il fallait tout de même qu’elles soient surveillées… Et Ellyn soupçonna cet homme d’être trop… Passionné?... Pour prendre les risques au sérieux. Cependant, cette deuxième raison n’était rien de plus qu’un pressentiment, une impression dont elle n’était même pas consciente.
Comme d’habitude, Ellyn faisait des évaluations précipitées sans même s’en rendre compte, mais voilà son défaut.
Elle leva son regard, ses yeux vert pétillants et intrigués rivés sur le visage de Fenrall… Et, à ce moment, elle sourit pour des raisons parfaitement hors du contexte. Vraiment, il doit être des décennies plus jeune que moi; il est entièrement injuste qu’il soit aussi grand!
Elle se secoua la tête pour chasser cette drôle de pensée, surgie de nulle part, pour regarder Fenrall à nouveau. Son expression était encore légèrement amusé, mais surtout curieux et intrigué. Elle desserra son étreinte sur la bouteille, sans entièrement la lâcher. Une manière subtile de lui dire : "je te laisse la bouteille, et mon offre pour t’aider avec les plantes reste valable quoi que tu décide, mais l’aide financière est à prendre avec ses restrictions ou à laisser. Penses-y".
- Qu’en dites-vous? Accepteriez-vous mon aide, si j’impose des restrictions?